Читать бесплатно книгу «Correspondance, 1812-1876. Tome 1» Жоржа Санда полностью онлайн — MyBook

VII
A LA MÊME

Nohant, 25 février 1826.

Ma chère maman,

J'ai bien du malheur! Je vais à Paris précisément à l'époque où tout le monde y est, et ma mauvaise étoile veut que je ne vous y trouve pas.

Je cours chez ma tante; pour y apprendre que vous êtes à Charleville. Je vous espère tous les jours, mais je n'ai signe de vie qu'à mon retour ici, où je trouve enfin une lettre de vous.

C'est une grande maladresse de ma part que d'aller, au bout de deux ans, passer quinze jours à Paris et de ne pas vous y rencontrer. Mais il y avait si longtemps que je n'avais reçu de vos nouvelles, que je vous croyais bien de retour chez vous. Caron même, chez qui nous avons demeuré, vous croyait sa voisine. Enfin, j'ai joué de malheur, et me voilà rentrée dans mon Berry, ne sachant plus quand j'en sortirai, ni quand j'aurai le bonheur de vous embrasser.

Ma santé, à laquelle vous avez la bonté de porter tant d'intérêt, est meilleure que la dernière fois que je vous écrivis; la preuve en est que j'ai eu la force de passer quatre nuits dans le courrier, tant pour aller que pour venir sans être malade, ni à l'arrivée, ni au retour. Sans ma mauvaise toux qui ne me laissait pas dormir, je me serais assez bien portée.

Merci mille fois de vos bons avis à cet égard; mais ne me grondez pas de ne pas les avoir suivis très exactement. Vous savez que je suis un peu incrédule, et puis un peu médecin moi-même, non par théorie, mais par pratique. Je n'ai jamais vu de remèdes efficaces aux maux de poitrine; la nature fait toutes les guérisons quand elle s'en mêle, et l'honneur en est à l'Esculape, qui ne s'en est pas mêlé. Je sais bien que ces messieurs n'en conviendront jamais. Comment un médecin avouerait-il sa nullité? ce ne serait pas adroit. S'ils faisaient, comme moi, la médecine gratis, ils seraient de bonne foi; peut-être encore l'amour-propre serait-il là pour les en empêcher.

Tant y a que, sans remède et sans docteur, sans me noyer l'estomac de boissons qui ne vont pas dans la poitrine, je ne tousse plus; c'est l'important. J'ai bien toujours des douleurs et par surcroît une fluxion de chaque côté du visage dans ce moment-ci. Mais le printemps, s'il veut se dépêcher de venir, mettra ordre aux affaires.

Je vous dirai, chère maman, que, si vous étiez venue passer le carnaval ici, vous ne vous seriez pas du tout ennuyée. Nous avons des bals charmants et nous passons des deux et trois nuits par semaine à danser. Ce n'est pas ce qui me repose, ni même ce qui m'amuse le mieux; mais il y a des obligations dans la vie qu'il faut prendre comme elles viennent. Dernièrement nous sommes sortis d'un bal chez madame Duvernet17 à neuf heures du matin. N'êtes-vous pas émerveillée d'une dissipation pareille? Aussi le jubilé, traversé par tant de fêtes, n'en finit-il pas. J'espère que, dans deux ou trois ans, nous n'en entendrons plus parler. En attendant, le curé prêche tous les dimanches matin contre le bal, et, tous les dimanches soir, on danse tant qu'on peut.

Quand je parle de curé grognon, vous entendez bien que ce n'est pas celui de Saint-Chartier18 que je veux dire. Tout au contraire: celui-là est si bon, que, s'il avait quelque soixante ans de moins, je le ferais danser si je m'en mêlais.

Il est venu ici faire deux mariages dans un jour. Celui d'André19, avec une jeune fille que vous ne connaissez pas et qui entrera à notre Service à la Saint-Jean, et celui de Fanchon, soeur d'André et bonne de Maurice, avec la coqueluche du pays, le beau cantonnier Sylvinot20, que vous ne vous rappelez sans doute en aucune manière, malgré ses succès. La noce s'est faite dans nos remises, on mangeait dans l'une, on dansait dans l'autre.

C'était d'un luxe que vous pouvez imaginer: trois, bouts de chandelle pour illumination, force piquette pour rafraîchissements, orchestre composé d'une vielle et d'une cornemuse, la plus criarde, par conséquent la plus goûtée du pays. Nous avions invité quelques personnes de la Châtre et nous avons fait cent mille folies, comme de nous déguiser le soir en paysans, et si bien, que nous ne nous reconnaissions pas les uns les autres. Madame Duplessis était charmante en cotillon rouge. Ursule21, en blouse bleue et en grand chapiau, était un fort drôle de galopin. Casimir, en mendiant, a reçu des sous qui lui ont été donnés de très bonne foi. Stéphane de Grandsaigne, que vous connaissez, je crois, était en paysan requinqué, et, faisant semblant d'être gris, a été coudoyer et apostropher notre sous-préfet, qui est un agréable garçon et qui était au moment de s'en aller quand il nous a tous reconnus.

Enfin la soirée a été très bouffonne et vous aurait divertie, je gage; peut-être auriez-vous été tentée de prendre aussi le bavolet, et je parie qu'il n'y aurait pas eu d'yeux noirs qui vous le disputassent encore.

Comptez-vous retourner bientôt à Paris, chère maman, et êtes-vous toujours contente du séjour de Charleville? Embrassez bien ma soeur pour moi, ainsi que le cher petit Oscar. Casimir vous présente ses tendres hommages, et moi je vous prie de penser un peu à nous quand le printemps reviendra.

Donnez-nous de vos nouvelles, chère maman, et recevez mes embrassements.

VIII
A MADAME LA BARONNE DUDEVANT EN SA TERRE DE POMPIEY, PAR LE PORT-SAINTE-MARIE (LOT-ET-GARONNE)

Nohant, 30 avril 1826.

Nous avons reçu votre bonne lettre, chère madame, et appris avec chagrin le triste événement22 qui vient encore de vous environner de tristesse et de réveiller celle, déjà si profonde, que vous éprouviez.

Nous apprécions et nous sentons votre douloureuse et triste situation avec la crainte amère de ne pouvoir l'adoucir, puisque rien ne saurait remplacer ce que vous avez perdu et que nulle consolation ne peut arriver, je le sens, jusqu'à votre coeur brisé. C'est en vous-même, c'est dans cette force morale que vous possédez, ou plutôt c'est dans la profondeur de votre mal, que vous trouvez le moyen de le supporter. Si j'ai bien compris votre souffrance, nulle distraction, nul témoignage d'intérêt ne sont assez puissants pour vous apporter un instant d'oubli. Vous les recevez avec douceur et bonté, mais ils ne sauraient vous faire un bien véritable.

Ce sont vos tristes pensées qui seules vous font jouir d'un triste plaisir. Plus vous les sondez, moins elles doivent vous paraître amères. Vos souvenirs n'ont rien que de doux. Vous aviez entouré toute son existence de tant de soins et de douceurs! Son bonheur, ce bonheur inexprimable d'une union si parfaite, c'était l'oeuvre de toute votre vie. Ah! je crois que, quand il reste des regrets sans aucun remords, la douleur a ses charmes pour une âme comme la vôtre.

Notre voyage a été fécond en événements dont aucun cependant n'a été grave. Nous avons voulu passer par les montagnes de la Marche, pour jouir de tableaux pittoresques et intéressants. Nous avons payé le plaisir de mille dangers. Des chevaux mourants, ou rétifs, menaçaient de nous culbuter ou de se laisser entraîner dans des descentes très rapides, sur des routes sinueuses et bordées de ravins profonds. Notre étoile nous a protégés cependant, et nous en avons été quittes pour la peur. Nous sommes arrivés tous bien portants.

Maurice a eu, depuis, un gros rhume avec une forte inflammation aux yeux; l'eau de gomme pour la toux et l'eau de mauve pour les yeux l'ont beaucoup soulagé. Il se porte tout à fait bien à présent.

Je vous remercie, chère et bonne madame, de l'intérêt que vous voulez bien prendre à ma santé. Elle est assez bonne, quoique j'aie toujours des douleurs et un mal opiniâtre à la tête, qui est mon inséparable. Je ne fais pourtant point d'imprudences, je suis ici d'une sagesse forcée, n'ayant point de sujets de courses comme à Guillery; mais, ayant plus d'occupations essentielles, je réussis à oublier mes misères et à vaquer à mes affaires comme quelqu'un qui se porte bien. C'est de vous, chère madame, qu'il convient de s'occuper; veuillez nous tenir au courant de votre précieuse santé.

J'ai eu mon frère pendant quelques jours. Il est reparti pour Paris, où des réparations à sa maison le forcent à la surveillance. J'ai obtenu qu'il nous laissât sa femme et sa fille, à qui la campagne conviendra mieux.

Adieu, chère madame; écrivez-nous souvent, peu à la fois, si cela vous fatigue, mais ne nous laissez pas ignorer comment vous êtes. Casimir et moi vous embrassons tendrement.

AURORE D.

Veuillez me rappeler au bon Larnaude 23; j'ose presque me regarder comme un de ses confrères. Je me suis lancée dans la médecine, ou, pour parler plus humblement, dans l'apothicairerie. M. Delaveau 24, qu'il connaît bien, est mon professeur. C'est lui qui ordonne et consulte, c'est moi qui prépare les drogues, qui pose les sangsues, etc. Nous avons déjà opéré des cures fort heureuses. Smith 25, avec son jalap, me serait ici d'un grand secours.

Maurice n'a point oublié Guillery. Il y revient sans cesse, il sait les noms de tout le monde et parle surtout du gros Totor. Il a trouvé ici de quoi se consoler de l'absence de sa poule favorite, qu'il se rappelle aussi à ce qu'il prétend.

IX
A MADAME MAURICE DUPIN, A PARIS

Nohant, 13 juillet 1826.

Ma chère maman,

J'ai reçu votre aimable lettre il y a quelque temps, et j'ai vu depuis M. Duvernet, qui m'a dit vous avoir trouvée bien portante, et avoir passé la journée avec vous et l'ami Pierret26. Il m'a beaucoup parlé de vous. Vous savez que c'est une de vos conquêtes les plus dévouées. Il m'a dit que vous viendriez sans la crainte de nous voir partir au premier moment et d'avoir fait un voyage inutile. Ce serait une crainte bien mal fondée; car, outre que le plaisir d'être près de vous nous ôterait l'envie de courir, nous n'avons pas le moindre projet de voyage d'ici à bien longtemps.

Quand je dis nous, je parle de moi et de mon enfant; car mon mari n'a pas fait voeu de réclusion. Il est à Bordeaux dans ce moment pour une affaire indispensable: le payement d'une maison qu'il a vendue l'hiver dernier et dont l'échéance était le 10 de ce mois. Je pense qu'il reviendra par Nérac et qu'il passera quelques jours auprès de madame Dudevant. Je ne sais au juste quand il sera de retour. Il voulait assister à sa moisson. I1 faudra qu'il se dépêche; car les blés sont mûrs, et je vais les faire mettre à terre.

Quand il se sera reposé un peu de son voyage, il sera forcé de faire celui de Paris pour le placement de ses fonds. Alors il plaidera notre cause de vive voix auprès de vous, et peut-être vous décidera-t-il à revenir avec lui!

Vous avez dû voir Hippolyte27 souvent. Il vous aura dit qu'il m'a laissé sa petite, dont je prends soin et qui se porte très bien. Nous avons eu des jours très brillants: d'abord la fête de Maurice, à l'occasion de laquelle j'ai régalé une centaine de paysans. Les danses, les coups de fusil, le carillon des cloches, le son de la cornemuse et les chansons des buveurs, auxquels se mêlaient les hurlements des chiens contrariés, out célébré avec bruit l'anniversaire de notre jeune homme, qui était charmé de ce tapage et de ces honneurs.

Nous avons eu ensuite mademoiselle George à la Châtre. Elle y a donné deux représentations qui ont fait courir tout le pays a mis la ville et les environs sens dessus dessous. Je vous conterais bien d'autres fêtes antérieures; mais Hippolyte vous aura conté notre chasse au sanglier; il vous aura dit que Nohant devenait chaque jour plus brillant. Nous serions bien heureux si cela pouvait vous donner l'envie d'y venir.

Adieu, ma chère maman; je vous embrasse tendrement et vous prie de me donner de vos nouvelles. Pardonnez-moi le long temps que j'ai mis à vous donner des nôtres. Je suis si occupée en l'absence de mon mari, que je suis forcée de remplacer, que je n'ai pas le courage d'écrire le soir, et que je vais me coucher bien lasse.

Vous saurez que je m'occupe beaucoup de médecine, non pas pour moi, car j'aime peu à y songer, mais pour mes paysans. J'ai fait de très heureuses cures; mais l'état a aussi ses désagréments.

X
A LA MÊME

Nohant, 9 octobre 1826.

Ma chère petite maman,

Pardonnez-moi d'avoir été si longue à vous remercier des peines que vous avez prises pour moi. J'ai été si occupée, si dérangée, et vous êtes si bonne et si indulgente, que j'espère ma grâce.

Vous avez bien voulu courir pour vous occuper de ma toilette et de celle de Maurice. Ces emplettes étaient charmantes et font l'admiration d'un chacun dans le pays. Quant à la parure d'or mat, je nomme Casimir pour l'aimable présent, et vous pour le bon goût. Il m'a empêchée jusqu'à présent de vous écrire, disant qu'il voulait s'en charger. Mais ses vendanges l'occupent à tel point, que je me fais l'interprète de sa reconnaissance. C'est un sentiment que nous pouvons bien avoir en commun. Agréez-la et croyez-la bien sincère.

Vous nous avez mandé que vous étiez souffrante d'un rhume. Je crains que le froid piquant qui commence à se faire sentir ne contribue pas à le guérir. J'en souffre bien aussi et je commence l'hiver par des douleurs et des rhumatismes. Pour éviter pourtant d'être aussi maltraitée que l'année dernière, je me couvre de flanelle, gilet, bas de laine. Je suis comme un capucin (à la saleté près) sous un cilice. Je commence à m'en trouver bien et à ne plus sentir ce froid qui me glaçait jusqu'aux os et me rendait toute triste.

Ayez aussi bien soin de vous, ma chère maman; à mon tour, je vais vous prêcher.

Maurice, grâce à Dieu, annonce une santé robuste. Il est grand, gros et frais comme une pomme. Il est très bon, très pétulant, assez volontaire quoique peu gâté, mais sans rancune, sans mémoire pour le chagrin et le ressentiment. Je crois que son caractère sera sensible et aimant, mais que ses goûts seront inconstants; un fonds d'heureuse insouciance lui fera, je pense, prendre son parti sur tout assez promptement. Voilà ses qualités et ses défauts, autant que je puis en juger, et je tâcherai d'entretenir les unes et d'adoucir les autres. Quant à Léontine28, vous la verrez. Elle était charmante entre mes mains. Je savais la prendre. J'ai eu beaucoup de chagrin à me séparer d'elle et je m'inquiète de son voyage. Je sens qu'elle me manque et je crains qu'elle ne soit pas aussi bien qu'avec moi.

Hippolyte vous dira que nous attendons le retour de James avec sa femme; mais il ne vous dira peut-être pas les folies qu'il faisait toute la journée ici avec son ancien, son commandant Duplessis29. J'aurais bien envie de vous régaler d'une certaine histoire de portemanteau, si je ne craignais de vous fatiguer de ces enfantillages. Vous pourrez cependant le taquiner vertement, lorsque vous le verrez boire à table, en lui disant: Est-ce que tu as envie de faire ton portemanteau aujourd'hui? C'est le mot d'ordre, et vous obtiendrez sa confession.

Adieu, ma chère maman. Clotilde est donc décidément grosse? j'en suis ravie. Caroline ne m'écrit point. Oscar est-il mieux portant et plus fort? Je vous embrasse bien tendrement; donnez-moi de vos nouvelles et croyez en vos enfants.

AURORE.

Comment traitez-vous l'ami vicomte? Faites-lui mes amitiés sincères, si toutefois vous êtes contente de lui.

XI
A M. CARON, A PARIS

Nohant, 19 novembre 1826.

Mon cher Caron,

Je partage bien sincèrement votre douleur, dont j'apprécie l'amertume. Je sais que vous étiez le modèle des bons fils et que jamais larmes ne furent plus vraies que les vôtres. Je n'essayerai point avec vous les vaines et communes consolations qu'on donne en pareil cas. Si vous êtes comme moi, ces stériles efforts ne feraient qu'aigrir votre chagrin. Sûre que votre raison vous dit, mieux que moi, toutes les raisons de notre soumission envers les immuables lois de la destinée, je me bornerai à pleurer avec vous dans toute l'effusion d'un coeur sincèrement attaché, qui partagera toujours vos plaisirs et vos peines.

Vous avez tort d'ajouter à des regrets trop fondés, des réflexions tristes mais imaginaires. Vous dites que cette perte vous laisse seul sur la terre. Sans doute, rien ne remplace une bonne mère; mais il vous reste de vrais amis. Vous êtes fait pour en avoir, et vous savez, j'espère, que vous en possédez de bien vrais dans Casimir et dans sa femme. Je regrette de n'être pas auprès de vous pour vous détourner de ces noires idées, et vous prouver qu'il est encore des coeurs qui s'intéressent à vous.

XII
A MADAME MAURICE DUPIN CHEZ MADAME GAZAMAJOU, A CHARLEVILLE (ARDENNES)

23 décembre 1826.

Ma chère maman,

Vous m'avez laissée bien longtemps sans nouvelles de vous, et j'ai moi-même attendu bien longtemps à vous remercier de votre lettre. Mais j'ai été si souffrante, et je le suis encore tellement, que j'ai bien de la peine à écrire. Ma santé se ressent du mois de décembre, et j'ai des maux de poitrine qui m'épuisent; je n'ai ni sommeil ni appétit. Tout me dégoûte, et je ne trouve de bon que l'eau claire, qui ne m'engraisse pas, comme vous pensez bien. La nuit, j'ai des oppressions insupportables, mon drap me semble peser cent livres, et je suis réduite à regarder les étoiles au lieu de dormir. Tout cela est fort ennuyeux, mais je ne perds pas courage. C'est un temps à passer. Depuis trois ans, l'hiver m'est très contraire, et le printemps me ramène la santé. J'attends cette douce saison avec impatience.

Vous avez bien raison de quitter Paris, où l'on se tue, où l'on se vole, où l'on est moins en sûreté qu'au milieu de la forêt Noire. Caroline doit se trouver bien heureuse de votre compagnie, et ne plus regretter Paris. Oscar vous distrait et vous intéresse. J'ai grande impatience de le revoir, il doit être bien grandi et bien avancé. Maurice est beau comme un ange. Madame Duplessis raffole de lui. Il dit aussi une foule de belles choses dans le plus singulier patois béricho-gascon qui se soit jamais entendu. Vous l'aimerez aussi, outre la parenté, car il a un charmant caractère.

Le pauvre vicomte doit s'ennuyer à périr de votre absence. Vous l'avez laissé bien cruellement, à ce qu'il me semble. C'est votre usage; mais s'accoutume-t-on aux rigueurs? Vous prétendez qu'il s'endort. Moi, je suis bien sûre qu'il médite ou qu'il tombe dans une mélancolie qui ressemble peut-être bien au sommeil; mais je parie que ce sont des soupirs que vous interprétez comme des ronflements dans votre cruauté.

Permettez-moi de vous embrasser, ma chère maman, et de vous souhaiter mille prospérités et une bonne santé surtout. Adieu, donnez-moi un peu plus souvent de vos nouvelles; embrassez pour moi ma soeur. Mes amitiés à Cazamajou30, je vous en prie. Casimir vous baise les mains.

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