Mesdames, Messieurs,
On a souvent reproché aux Français, dans notre siècle, d'ignorer systématiquement les langues étrangères. Ce reproche, ils ne l'ont mérité qu'un moment. Nulle part pendant deux cents ans l'espagnol et l'italien n'ont été plus à la mode que chez nous; jusque dans le premier tiers de ce siècle, la France a été un des pays où, je ne dirai pas seulement on écoutait, mais où l'on imprimait le plus de livres italiens; et depuis un certain nombre d'années les étrangers qu'on envoie chez nous en mission pour examiner la manière dont nos lycées enseignent l'anglais et l'allemand, confessent dans leurs rapports qu'il est difficile de mieux faire. Il y a toutefois un degré auquel nous n'atteindrons probablement jamais: hors de France, dans certains salons, une même personne parle allemand à un interlocuteur, anglais à un autre, français à un troisième: peu de Français seront polyglottes à ce point là. Mais faut-il le regretter? Apprendre, non pas seulement à lire mais à parler plusieurs langues vivantes, c'est prélever sur sa jeunesse pour apprendre des mots bien des mois qu'il vaudrait peut-être mieux employer à approfondir sa propre langue et à penser ou à sentir; puis n'est-il pas bien difficile à un auteur de se former un idéal s'il est pour ainsi dire, tourmenté par les génies divers de plusieurs nations qui se le disputent? Ecrire sous la dictée d'une Muse, c'est fort bien; mais écrire sous la dictée de trois ou quatre Muses qui nous parlent à la fois, c'est moins commode. En revanche, la France a toujours été un des pays où l'on trouve le plus d'hommes voués à l'étude des littératures étrangères et employant leur existence à écrire, non pas des articles sur des feuilles volantes et à propos de productions courantes dont tout le monde parle aujourd'hui et dont personne ne parlera dans vingt ans, mais des volumes sur l'art ou la poésie des autres nations; et le grand public s'y intéresse si fort aux chefs-d'œuvre durables de l'étranger, qu'il se presse au pied des chaires où on les commente: il y a environ cent ans, Ginguené, le spirituel et perspicace historien de votre littérature, en inaugura l'enseignement à l'Athénée; cet enseignement, transféré depuis à la Sorbonne, y a brillé du même éclat entre les mains de Fauriel, d'Ozanam, de M. Mézières et de M. Gebhart. Enfin la France est un des pays où les écrivains célèbres, les penseurs, viennent le plus volontiers en aide aux savants pour faire aimer les nations qui méritent d'être aimées. Tout le monde sait que Stendhal a pour ainsi dire passé sa vie à persuader aux Français que Milan, Florence, Rome, Naples étaient les plus délicieux des séjours: et j'ai eu occasion de montrer qu'à une époque où tous les voyageurs du Nord de l'Europe exprimaient le plus profond dédain pour l'Italie contemporaine, le grand astronome Lalande, Roland le futur conventionnel, surtout Mme de Staël, prédisaient de la façon la plus claire votre glorieux relèvement.
Je voudrais rechercher aujourd'hui les sentiments de Châteaubriand et de Lamartine à l'égard de l'Italie.
Au premier abord, il semble que Châteaubriand n'a pas dû vous être très-favorable. Je ne parle pas de quelques réclamations passagères qu'il s'est attirées. Giustina Renier-Michiel a éloquemment réclamé contre l'épithète de ville contre nature qu'il avait appliquée à Venise après son premier voyage, et Silvio Pellico s'est plaint avec raison de ce que Châteaubriand avait confondu les piombi de 1830 avec ceux de 1820. Ce sont là des détails; mais un ancien émigré, un légitimiste qui avait longtemps été ultra, pouvait-il s'intéresser au véritable bien de l'Italie moderne? L'homme qui a entraîné Louis XVIII à restaurer en Espagne le pouvoir absolu de Ferdinand VII pouvait-il avoir quelque sympathie pour les patriotes italiens?
Pourtant ne nous arrêtons pas aux apparences!
D'abord Châteaubriand connaissait fort bien vos classiques, qu'il cite assez souvent dans le texte. Dans le Génie du Christianisme, il ne parle pas toujours de Dante comme il faudrait: mais songez qu'il l'écrivait du vivant de Saverio Bettinelli; combien de gens, même en Italie, malgré tout le parti que Monti venait de tirer pour sa Bassvilliana de l'imitation du poëme sacre, continuaient à juger la Divine Comédie sur la foi des Lettere Virgiliane! Baretti, qui, pour faire pièce à Voltaire, a réussi à comprendre Shakespeare, n'a jamais réussi à comprendre Dante. Du moins Châteaubriand reconnaît-il que Dante n'a point de maître dans le pathétique et le terrible; et plus tard, dans son Essai sur la littérature anglaise, il avertit que Shakespeare, dont nos romantiques étaient idolâtres, a eu moins à faire que Dante pour fonder la littérature nationale. Son appréciation sur le Tasse, pour qui vous savez que la France a toujours eu un faible malgré le mot de Boileau dont on exagère étrangement le sens, est très-pénétrante; il appelle la Jérusalem Délivrée un chef-d'œuvre de composition, et, quand il la blâme, c'est en homme que le poète a conquis à son sujet, et qui voudrait collaborer avec lui pour atteindre la perfection. Enfin il a pieusement suivi le convoi funèbre de cet Alfieri dont, par un hasard qui au fond n'en est pas un, les Français furent les admirateurs décidés à une époque où les Italiens se partageaient encore sur son compte.
Mais ce sont principalement les beautés naturelles de l'Italie qu'il nous a comme révélées. Chose curieuse, et qui montre combien, en dépit d'Horace, la plume est quelquefois supérieure au pinceau pour la propagation des idées! Parmi les peintres qui ont le mieux fixé sur la toile le charme du ciel italien, tout le monde place nécessairement deux Français, Claude Gellée dit le Lorrain et Nicolas Poussin, et ils ont tous deux vécu il y a deux cents ans; toutefois, la beauté de ce ciel n'est proverbiale en France, à tous les degrés de la population, que depuis que Châteaubriand et Lamartine l'ont décrite. Châteaubriand a visité plusieurs fois l'Italie: dès le premier voyage il est ravi; il vante les chemins excellents de la Lombardie, ses auberges «supérieures à celles de France, presque égales à celles de l'Angleterre;» il donne sur les fouilles de Pompei un excellent conseil qu'on a fini par juger tel: laisser les objets là où on les trouve, protéger par un toit les édifices qui les contiennent, mais conserver à chaque chose sa signification en lui conservant sa place1, surtout il a senti à ravir l'attrait de la campagne romaine et du golfe de Naples. Voici comment il peint le premier des deux tableaux:
«Rien n'est comparable, pour la beauté, aux lignes de l'horizon romain, à la douce inclination des plans, aux contours suaves et fuyants des montagnes qui le terminent… Une vapeur répandue dans le lointain arrondit les objets et dissimule ce qu'ils pourraient avoir de dur ou de heurté dans leurs formes. Les ombres ne sont jamais lourdes ou noires; il n'y a pas de masses si obscures de rochers et de feuillages, dans lesquelles il ne s'insinue toujours un peu de lumière. Une teinte singulièrement harmonieuse marie la terre, le ciel et les eaux; toutes les surfaces au moyen d'une gradation insensible de couleurs, s'unissent par leurs extrémités, sans qu'on puisse déterminer le point où une nuance finit et où l'autre commence. Vous avez sans doute admiré dans les paysages de Claude Lorrain cette lumière qui semble idéale et plus belle que nature. Eh bien, c'est la lumière de Rome.»2
Voici pour Naples:
«Des fleurs et des fruits humides de rosée sont moins suaves et moins frais que le paysage de Naples sortant des ombres de la nuit. J'étais toujours surpris, en arrivant au portique, de me trouver au bord de la mer; car les vagues dans cet endroit faisaient à peine entendre le léger murmure d'une fontaine. En extase devant ce tableau, je m'appuyais contre une colonne et, sans pensée, sans désir, sans projet, je restais des heures entières, à respirer un air délicieux. Le charme était si profond, qu'il me semblait que cet air divin transformait ma propre substance, et qu'avec un plaisir indicible je m'élevais vers le firmament comme un pur esprit.»3
Ce qui a principalement aidé à graver ces éloges du sol de l'Italie dans la mémoire des Français, c'est qu'ils se rattachent souvent à ce que j'appellerai la philosophie de Châteaubriand. Vous savez que la grandeur de Châteaubriand tient avant tout à la profondeur avec laquelle il a ressenti le prodigieux ébranlement de 1789. Toutes les révolutions postérieures ne sont que des jeux auprès de celle-là, non seulement à cause des luttes intestines qu'elle a déchaînées, de l'énergie qu'il a fallu à la France pour rejeter hors de ses confins l'Europe entière acharnée à la destruction de la liberté, mais parce que toutes les révolutions ultérieures ne portent que sur l'extension du principe victorieusement établi par les hommes de 89, la souveraineté des nations. A cette date, un monde s'est englouti, un autre monde est sorti du chaos. La notion du roi sacré par l'Eglise, père de son peuple et propriétaire de son royaume, de l'Eglise maîtresse des consciences, des intelligences et dispensatrice privilégiée de la charité publique, de la noblesse tantôt opulente, tantôt pauvre, mais toujours riche d'honneur, parce que sa fonction propre est de mourir pour la patrie, toute cette conception, très-imparfaite assurément, mais brillante et longtemps glorieuse, s'est abimée. Châteaubriand accepta, en partie du moins, le monde nouveau, mais ne cessa jamais de pleurer la grandeur du monde disparu. De là, cette habitude de méditer sur le néant de l'homme qui tourne quelquefois à la manie, mais qui lui inspire souvent des pages dignes de Bossuet. Or l'Italie le conviait éminemment à des méditations de cette nature. Avant lui, la plupart des voyageurs ne cherchaient dans Rome que l'antiquité ou la Renaissance, ou bien ils opposaient à la Rome d'autrefois la Rome de leur temps, pour mépriser celle-ci ou la plaindre. Au contraire, Châteaubriand qui professe, en véritable Breton, qu'un roi n'est jamais plus grand que quand il a perdu sa couronne, vénère dans la Ville Eternelle la splendeur qu'elle ne possède plus. Il la place, dans son imagination et dans son cœur, à côté de ces Bourbons dont il ne méconnaît pas les fautes, dont il n'adore pas les caprices, mais que le malheur a transfigurés pour lui:
«Figurez-vous quelque chose de la désolation de Tyr et de Babylone, dont parle l'Ecriture: un silence et une solitude aussi vastes que le bruit et le tumulte des hommes qui se pressaient jadis sur ce sol… Vous apercevez ça et là quelques bouts de voie romaine dans des lieux où il ne passe plus personne, quelques traces desséchées des torrents de l'hiver: ces traces vues de loin ont elles-mêmes l'air de grands chemins battus et fréquentés, et elles ne sont que le lit désert d'une onde orageuse qui s'est écoulée comme le peuple romain. A peine découvrez-vous quelques arbres, mais partout s'élèvent des ruines d'acqueducs et de tombeaux, ruines qui semblent être les forêts et les plantes indigènes d'une terre composée de la poussière des morts et des débris des empires… On dirait qu'aucune nation n'a osé succéder aux maîtres du monde dans leur terre natale… Déchue de sa puissance terrestre, Rome, dans son orgueil, semble avoir voulu s'isoler…; comme une reine tombée du trône, elle a noblement caché ses malheurs dans la solitude. Il me serait impossible de vous dire ce qu'on éprouve lorsque Rome vous apparaît tout à coup au milieu de ces royaumes vides et qu'elle a l'air de se lever pour vous de la tombe où elle était couchée. Tâchez de vous figurer ce trouble et cet étonnement qui saisissaient les prophètes lorsque Dieu leur envoyait la vision de quelque cité à laquelle il avait attaché les destinées de son peuple.»4
Oui, me direz-vous; mais que pense-t-il des habitants de ces ruines majestueuses, de cet auguste désert? Messieurs, voici sa réponse dès l'année 1803 et quand il n'a encore fait que traverser l'Italie.
«Quant aux Romains modernes… je crois qu'il y a encore chez eux le fond d'une nation peu commune. On peut découvrir parmi ce peuple trop sévèrement jugé un grand sens, du courage, de la patience, du génie, des traces profondes de ses anciennes mœurs, je ne sais quel air de souverain et quels nobles usages qui sentent encore la royauté.» Notez qu'il parle ici, non des Italiens du Nord, qui venaient de donner au monde Alfieri, Parini, Goldoni, où la veille encore Turin et Venise étaient les capitales d'Etats libres, où l'esprit public s'était éveillé avec Pietro Verri et Beccaria, mais de cette pauvre Rome si endormie alors et si infortunée depuis 900 ans qu'à l'époque même où les papes faisaient et défaisaient les rois, elle était en proie aux caprices alternatifs de ses barons et de sa populace. Jusque dans les traits des Romains modernes, Châteaubriand reconnaît la physionomie du peuple roi, et cela entre Marengo et Austerlitz, c'est-à-dire à une époque où il fallait à un Français beaucoup d'esprit et de cœur pour ne pas oublier que l'orgueil est le partage des sots.
Il se prononcera bien plus fortement quand il sera plus complètement informé. Voici un passage d'un rapport qu'il adresse au gouvernement français en 1828, en qualité d'ambassadeur à Rome. Ecoutez d'abord comme il s'exprime sur les Bourbons de Naples, qui pourtant comptaient alors en France sur les marches du trône la mère du comte de Chambord et la femme du futur Louis Philippe: «Il est malheureusement trop vrai que le gouvernement des Deux Siciles est tombé au dernier degré du mépris.» Ecoutez maintenant ce qu'il écrit sur la persécution de vos patriotes à une époque où le Spielberg n'avait pas encore rendu ses proies: «On prend pour des conspirations ce qui n'est que le malaise de tous, le produit du siècle, la lutte de l'ancienne société avec la nouvelle, le combat de la décrépitude des vieilles institutions contre l'énergie des jeunes générations, enfin la comparaison que chacun fait de ce qui est à ce qui pourrait être. Ne nous le dissimulons pas: le grand spectacle de le France puissante, libre et heureuse, ce grand spectacle qui frappe les nations restées ou retombées sous le joug, excite des regrets ou nourrit des espérances. Le mélange des gouvernements représentatifs et des monarchies absolues ne saurait durer; il faut que les uns ou les autres périssent, que la politique reprenne un égal niveau ainsi que du temps de l'Europe gothique… C'est dans ce sens et uniquement dans ce sens qu'il y a conspiration en Italie.»
Loin de flatter ses compatriotes, il ajoutait que c'était seulement en ce sens que l'Italie était française: «Le jour où elle entrera en jouissance des droits que son intelligence aperçoit et que la marche progressive du temps lui apporte, elle sera tranquille et purement italienne.» Rien de plus honorable que cette loyauté, qui lui interdit de mettre la main sur le libéralisme naissant de l'Italie, de se prévaloir, pour le confisquer au profit de la France, du réveil que nos penseurs du XVIIIe siècle avaient provoqué chez elle. Loin aussi de renvoyer à une date qui n'arriverait jamais l'accomplissement de ses prédictions, il disait: «Si quelque impulsion venait du dehors, ou si quelque prince en deçà des Alpes accordait une charte à ses sujets, une révolution aurait lieu, parce que tout est mûr pour cette révolution.»5
Vous voyez, Messieurs, que si Châteaubriand a siégé avec M. de Metternich au Congrès de Vienne, ces deux hommes d'État ne jugeaient pas de la même façon les affaires de l'Italie.
Ma tâche devient en apparence plus délicate avec Lamartine: car son nom vous rappelle sur le champ quelques paroles un peu vives qui lui valurent tout près d'ici un coup d'épée. J'espère que tout à l'heure vous conviendrez qu'il eût été bien dommage que Gabriele Pepe tuât Lamartine, et cela non seulement parce que, en vérité, le prix des deux existences engagées dans le combat n'était pas tout à fait égal, mais parce que, si un jugement sévère, injuste même, sur une nation signifiait nécessairement qu'on la méprise ou qu'on la déteste, il faudrait effacer Dante, Alfieri, Foscolo et beaucoup d'autres, de la liste des patriotes italiens: peut-être reconnaîtrez-vous dans un instant que Lamartine a fait au moins autant pour l'Italie que son très honorable adversaire.
D'abord, par ses premières lectures, par ses amis de France, surtout par ses fréquents séjours au-delà des Alpes, il avait eu le loisir de la connaître; il en écrivait, il en parlait la langue. M. Mazzatinti a retrouvé une lettre de lui écrite en un italien fort satisfaisant à un Florentin; et j'ai lu, je ne sais plus où, qu'un jour dans sa vieillesse et devant des auditeurs qu'il savait évidemment capables de la comprendre, il feignit de lire une scène de mœurs napolitaines qu'en réalité il improvisait et où des pêcheurs de Mergellina s'exprimaient dans leur dialecte. Il n'avait pas passé douze ans en Italie, comme il lui est échappé un jour de le dire: mais, sans compter de courtes visites, il y avait passé une partie des années 1811 et 1812, de l'année 1820, et trois ans de 1825 à 1828; si les salons italiens avaient été assez lents à s'ouvrir pour lui, il s'était lié avec Niccolini, surtout avec Gino Capponi avec qui, vous le savez, il resta en correspondance, et il avait été mêlé à vos affaires par ses fonctions diplomatiques, à Naples d'abord, puis à Florence.
Lui aussi, ce fut la beauté physique de l'Italie qu'il commença par goûter; nul n'a exprimé avec plus de séduction le charme d'une promenade nocturne sur le golfe de Baia au milieu des chants que se renvoient les pêcheurs et des parfums terrestres dont la brise du soir embaume les eaux. Et, comme, pour la diffusion rapide des idées, la poésie a sur la prose le même avantage que la prose sur le pinceau, les vers de Lamartine décuplèrent chez nous en un moment les adorateurs de la nature italienne. Citons seulement quelques vers:
Maintenant sous le ciel tout repose, ou tout aime;
La vague en ondulant vient dormir sur le bord;
La fleur dort sur sa tige, et la nature même
Sous le dais de la nuit se recueille et s'endort.
Vois: la mousse a pour nous tapissé la vallée;
Le pampre s'y recourbe en replis tortueux,
Et l'haleine de l'onde à l'oranger mêlée
De ses fleurs qu'elle effeuille embaume mes cheveux.
A la molle clarté de la voûte sereine,
Nous chanterons ensemble assis sous le jasmin
Jusqu'à l'heure où la lune, en glissant vers Misène,
Se perd en pâlissant dans les feux du matin.
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